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English version
 

 

Fils d’une riche et influente famille à Athènes, Platon a commencé sa carrière phlilosphique comme élève de Socrate. Quand le maître est mort, Platon voyageait au Egypte et à Italie, a étudié avec les disciples de Pythagore et a été beaucoup des années comme conseilleur à la famille du legislateur de Syracuse.

 

Quelque temps après Platon a retourné a Athènes il a établit sa propre école de philosophie , l’Academie. Pour les étudiants qui ont passé par-delà, Platon a tenté transmettre son heritage et le estyle de Socrate , bien comme l’art de penser autant qu’on conduit le progrès individuel par l’étude des mathématiques et en cherchant l’abstraction de la vérité philosophioque.

 

La pièce la plus fameuse dans les dialogues de Platon est La République (Politeia) . Elle s’innicie avec une conversation de Socrate sur la nature da la justice et poursuivre directement avec un extensive débat sur les vertues ( areth [aretê] ) , la justice (dikaiwsunh [dikaiôsunê]), la sagesse (sofia [sophía]), la courage (andreia [andreia] ) et la modéraction (swfrosunh [sophrosúnê] ) , ainsi comme elles apparaient tant comme des individualités, quant comme les règles de la société et, au final, il élabore , en hypothèse, le qui serait l’idéel de constitucion d’une république, à laquelle a donné le nom de UTOPIE.

Un fresque de  Raphael, probablement  inspirée  en Leonardo da Vinci.

Le geste  de Platon, avec l’index en  direction à les  nues  représente  sa croyance aux  Formes, selon interprétations d”especialistes à l’oeuvre du grand  peintre.

 

                                La  partie la plus connue de  “La République” est  laquelle  appelé “Épisode  de  la Caverne”, dans lequel beaucoup de spécialists voient une figuration du  destin  de Socrate, qui ,  pour  apercevoir  les vérités philosophiques  au-delà  des frontiers de son époque, et essayer les enseigner à  la  jeunesse,  il a eu un tragique fin, ou en y soit,  la  condemnation au suicide par l’ingestion du poison  “cigue”, en  jugement des governants d’alors, enracinés aux équivoqués concepts de  la  justice  et de  la  société.

 

                                   Avec l’analyse  de cette  hypotèse da  la caverne, Platon  mettre son idée de  droits  politiques : l’État, entité crée pour  accueillir le  bien comum  pour touts les citoyens, ne peut pas avoir  ses finalités  déformés,  ou    laisser   d’attendre, a touts, ou en attendre seulement  à  une  minorité , devant l’idée equivoqué des  gouvernants  quant aux concepts du bien comum, de la  justice et de la liberté. Si quelq’une de ses  hypothèses est  manqué, faille  sera la finalité  de l’État – et  quant ce il fait  un parallèle entre la situation des prisonniers  da la caverne idéelisée et celà  des governants peu éclairés , qui ne voyent sinon  que  des ombres  fauces du passé et  ne  veulent pas regarder  les vérités  du  présent , et tout  le plus  qui est  nécessaire pour  si  faire   évolué le peuple d’une république, dans un État. Là-bas, donc, il  mettre  en évidence  le  rôle de  l’éducation et de  la  philosophie pour déterminer  et  proteger les droits  naturels et  politiques, selon les   règles qu’il expose en toute son oeuvre -  non seulement dans “La République”,  mais  aussi avec   beaucoup d’emphase  notamment  dans “Les Lois”.           

                                   C’est justement  cet  point des dialogues de  “La République”  qui  nous irons transcrit  à  là-bas,  en envoyant  le  lecteur à, postérieurment, fair  une lecture de toute l’oeuvre,  dont contexte on peut trouver  une vaste dissértation de Platon, détaillément questionnée en toutes ses  aspects   pour   les disciples de sa célèbre Academie, actuelle à toutes les époques.                                 

                                  

Indication :
Cette  version là-bas du  Épisode de La Caverne   est  un extraît  et   vous  le  pouvez  trouver  à :
Éditions Gonthier, Bibliothèque Médiations,  publiée sous la direction de Jean-Louis Ferrier
Traduction d’Emile Chambry, 1966 , Livre VII (514 a 514 b) pp.216-222
     

 

                                            
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Socrate                        Maintenant, repris-je, représente-toi notre nature, selon qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation, , d’après le tableau que voici (1). Figure-toi des  hommes dans une demeure souterraine en forme de caverne, dont l’entrée, , ouverte   à la  lumière, s’étend sur toute la  longueur de la  façade ; ils sont là depuis leur enfance, les  jambes et le cou pris dans  des chaînes, en sorte qu’ils ne peuvent bouger de  place, ni voir ailleurs que devant eux; car les  liens les empêchent de tourner la tête; la lumière d’un feu allumé au loin sur une hauteur  brille derrière eux; entre le feu et les prisonniers il y a une route élevée;  le   long de cette route figure-toi un petit mur, pareil aux cloisons  que les montreurs de marionettes dressent entre eux et le public et  au-dessus desquelles  ils font voir leurs prestiges.

 

Glaucus                        Je vois cela, dit-il.

 

Socrate                 Figure-toi maintenant le  long de ce petit mur des hommes portant des ustensiles de toute sorte, que dépassent la hauteur du mur, et des figures d’hommes et d’animaux, en pierre, en bois, de toutes sortes de formes; et naturellement parmi ces porteurs que défilent, les uns parlent, les autres  ne disent rien.

 

Glaucus                            Voilà, dit-il, un étrange tableau et d’étranges prisonniers!

 

Socrate                                Ils nous  ressemblent, répondis-je. Et d’abord penses-tu  que dans cette situation ils aient vu d’eux –mêmes et de leurs voisins autre chose  que les  ombres projetées par le feu sur la partie de la caverne qui  leur fait face?

 

Glaucus                            Peut-il  en être autrement  , dit-il, s’ils sont contraints toute leur vie de rester la tête immobile?

 

Socrate                            Et  des objets qui défilent, n’en est-il pas  de même?

 

Glaucus                        Sans contredit.

 

Socrate                        Dès lors, s’ils pouvaient s’entretenir entre eux, ne penses-tu pas  qu’ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes, en nommant les  ombres qu’ils verraient?

 

Glaucus                       Nécessairement.

 

Socrate                        Et s’il y avait aussi un écho qui renvoyât les sons  du fond de la prison, toutes le fois qu’un des passants viendrait à parler, crois-tu qu’is ne prendraient pas sa voix pour celle de l’ombre qui défilerait ?

 

Glaucus                        Si, par Zeus, dit-il.

 

Socrate                        Il est  indubitable, repris-je, qu’aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que  les  ombres des  objets confectionnés.

 

Glaucus                       C’est de toute nécessité, dit-il.

 

Socrate                                     Examine maintenant comment ils réagiraient, si on les délivrait de leurs châines et qu’on  les guérît de leur  ignorance, et si les choses se pasaient nautrellement comme  il suit. Qu’on détache un de ces  prisonniers, qu’on le force à se dresser  soudain, à tourner  le cou, à marcher, à lever les yeux  vers la  lumière, tous ces  mouvements le feront  souffrir, et l’éblouissement l’empêchera de regarder les  objets dont  il voyait  les  ombres  tout à l’heure. Je te demande ce qu’il pourra répondre, si on lui dit que  tout à l’heure il ne voyait que des riens sans consitance,  mais que  manintenant  plus près de la réalité et tourné vers des  objets  plus réels, il voit  plus juste; si enfin, lui faisant voir  chacun des  objets qui défilent devant  lui, on l’oblige à force  de questions à dire ce que c’est? Ne crois-tu pas qu’il sera embarrassé et que  les  objets qu’il voyait tout à l’heure lui paraîtront plus véritables que ceux qu’on lui  montre  à  présent? 

 

Glaucus                                   Beaucoup plus véritables,  dit-il.

 

Socrate                                    Et si  on le forçait à regarder  la  lumière  même, ne crois-tu pas que  les yeux lui feraient mal et qu’il  se déroberait et retournerait aux  choses qu’il peut regarder, et qu’il les croirait réellement plus dinstinctes  que celles qu’on  lui montre?

Glaucus                                   Je  le crois, fit-il.

 

Socrate                                    Et si,  repris-je, on le tirait de là par force, qu’on lui fît gravir  la  montée  rude et escarpée, et    qu’on ne le lâchât pas  avant de  l’avoir  traîné  dehors  à  lumière du soleil,(2)  ne penses-tu  pas  qu’il  souffrirait et se révolterait d’être  ainsi traîné, et qu’une fois arrivé à la  lumière, il aurait les yeux éblouis de son éclat, et ne pourrait voir  aucun des objets que  nous appelons à présent  véritables?

 

Glaucus                                   Il ne le pourrait pas, dit-il, du moins  tout  d’abord.

 

Socrate                                    Il devrait  en effet, repris-je,  s’y  habituer, s’il voulait voir  le  monde supérieur. Tout d’abord ce qu’il regarderait le  plus facilement, ce sont les ombres, puis  les  images  des  hommes et des autres  objets reflétés  dans les eaux,  puis  les objets eux-mêmes; puis élevant ser  regards vers  la  lumière des astres  et de la  lune, il contemplerait  pendant la  nuit les constellations et le firmament lui-même plus facilement qu’il ne ferait pendant le  jour le  soleil  et l’éclat  du soleil.

 

Glaucus                       Sans  doute.

 

Socrate                        A la fin,  je  pense, ce serait le soleil, non dans les eaux, ni ses  images reflétées sur quelque  autre point,  mais  le soleil  lui-même dans son  propre séjour qu’il pourrait regarder et contempler tel qu’il est.

 

Glaucus                       Nécessairement, dit-il.

 

Socrate                        Après cela, il en viendrait à conclure  au sujet du soleil, que c’est  lui  qui produit  les saisons  et les années, qu’il  gouverne  tout  dans  le monde visible e qu’il est en quelque  manière  la cause  de toutes ces choses que  lui et ses  compagons voyaient  dans  la caverne.

Glaucus                       Il est évident, dit-il,  que  c’est là  qu’il en viendrait après ces  diverses  expériences.

 

Socrate                        Si ensuite il venait à penser à sa première demeure et à la science qu’on y possède, et aux  compagnons  de sa captivité,  ne crois-tu pas qu’il se félicitarit du changement et qu’il les  prendrait  en pitié ?

 

Glaucus                       Certes, si.

 

Socrate                        Quant aux  honneurs  et  aux  louanges  qu’ils pouvaient alors se  donner  les  uns aux autres,  et aux récompenses accordées à celui qui discernait  de  l’oeil  le  plus  pénétrant les objets qui passaient, qui se  rappelait  le  plus exactement ceux qui passaient  régulièremente  les  premiers     ou  les  dermiers, ou ensemble,  et  qui par-là était le plus habile à deviner celui qui allait arriver (3),   penses-tu que  notre  homme  en aurait envie, et qu’il  jalouserait  ceux qui seraient  parmi  ces prisonniers  en  possession des honneurs et de la  puissance? Ne  penserait-il pas comme  Achille  dans Homère,  et ne  préférerait-il  pas cent  fois  n’être  qu’un valet  de charrue  au  service  d’un  pauvre  laboureur  et  supporter tous  les  maux  possibles  plutôt  que de revenir à  ses  anciennes  illusions  et de vivre  comme il vivait?

 

Glaucus                       Je suis  de ton avis, dit-il : il  préférerait tout  souffrir  plutôt que de revivre cette vie-là.

 

Socrate                        Imagine  encore  ceci, repris-je; si  notre  homme redescendait  et reprenait son ancienne  place, n’aurit-il pas  les  yeux  offusqués  para  les  ténèbres,  en venant  brusquement du  soleil?

 

Glaucus                       Assurément si, dit-il.

 

Socrate                        Et s’il  lui fallait  de  nouveau juger  de ces  ombres  et  concourir avec  les  prisonniers  que  n’ont  jamais quitté  leurs   chaînes, pendant que sa vue  est encore  confuse  et avant que  ses  yeux se  soient remis et accoutumés  à  l’obscurité, ce qui demanderait um temps assez  long,  ne prêterait-il pas à rire  et  ne  diraient-ils pas  de  lui que , pour être  monté là-haut, il en est  revenu les  yeux gâtés,  que  ce  n’est même pas  la peine  de tenter  l’ascension; et,  si quelqu’en  essayait de les  délier  et de les conduire  en haut, et qu’ils  pussent le tenir en leurs  mains  et  le tuer,  ne le tueraient-ils  pas?

 

Glaucus                       Ils  le tueraient  certainement, dit-il  (4)   .

 

Socrate                        Maintenant, repris-je, il faut,  mon cher Glaucon,  appliquer exactement  cette  image à  ce que  nous avons  dit  plus haut : il faut  assimiler  le  monde visible au séjour de  la prison , et la  lumière du feu  dont elle est  éclairée à  l’effet du soleil; quant à la  montée  dans  le  monde suérieur  et à la  contemplation de ses  merveilles,  voi-y la  montée  de l’âme  dans   le  monde  intelligible, et  tu  ne te  tromperas  pas  sur  ma  pensée, puisque  tu désires  la  connaître. Dieu sait  si elle est vraie; en  tout  cas, c’est  mon  opinion, qu’aux  dernières  limites  du  monde  intelligible  est  l’idée  du bien, qu’on aperçoit  avec  peine,  mais qu’on ne peut  apercevoir  sans conclure qu’elle  est  la cause universelle de tout  ce qu’il y a de bien  et  de beau; que  dans  le  monde visible, c’est elle  que a créé  la lumière et  le  dispensateur  de  la  lumière; et  que  dans  le  monde  intelligible, c’est elle qui dispense  et procure  la vérité  et  l’intelligence, et  qu’il  faut  la voir  pour  se conduire avec  sagesse  soit dans  la vie  privée,  soit  dans  la vie  publique.

 

Glaucus                       Je  suis  de ton avis,  dit-il,  autant que  je  peux  suivre  ta  pensée.

 

Socrate                        Eh  bien,  repris-je,  sois  encore  de  mon avis sur ce point, qu’il n’est  pas étonnat que  ceux qui se  sont  élevés  jusque-là  ne  soient  plus disposés  à  prendre  en main  les affaires  humaines, et que  leurs  âmes  aspirent  sans  cesse  à demeurer  sur  ces hauteurs. Cela est bien  naturel,  s’il faut encore  sur  ce  point  s’en rapporter  à  notre allégorie.

 

Glaucus                       Bien naturel, en effet, dit-il.

 

Socrate                        Mais, repris-je, penses-tu  qu’il faille s’étonner qu’en  passant  de ces contemplations divines  aux  misérables  réalités  de  la vie  humaine,  on ait l’air  gauche  et tout à fait  ridicule, lorsque, ayant  encore  la vue  trouble  et  n’étant  pas  suffisamment habitué aux ténèbres  où  l’on  vient  de tomber,  on est forcé d’entrer  en dispute  dans  les tribunaux  ou ailleurs sur  les  ombres  du  juste  ou  sur  les  images qui projettent  ces  ombres  et  de combattre  les  interprétations qu’en font des gens  qui n’ont  jamais vu  la  justice en soi?

 

Glaucus                       Ce  n’est pas étonnant  du  tout, fit-il.

 

Socrate                        Mais,  si l’on était sensé, repris-je, on se  rappellerait que  les  yeux  son troublés  de deux manières  et  par  deux  causes opposées,  par  le passage de  la  lumière à  l’obscurité  et  par  celui  de  l’obscurité à  la  lumière; alors réfléchissant que  ces  deux  cas  s’appliquent aussi à l’âme, quand  on verrait une âme troublée et  impuissante  à discerner  un  objet,  au lieu d’en  rire sans raison, on examinerait  si, au sortir  d’une  vie  plus  lumineuse, elle est,  faute  d’habitude,  offusquée  para  les  ténèbres,  ou si,  venant de  l’ignorance à  la  lumière,  elle est éblouie par  une  splendeur  trop éclatante (5) ; dans  le  premier cas,   on la féliciterait de son  embarras e  de  l’usage  qu’elle  fait  de  la vie; dans  l’autre,  on la  plaindrait, et,  si l’on  voulait rire  à ses dépens, la  raillerie serait  moins  ridicule  que  si elle tombait sur  l’âme  qui redescend de  la  lumière.

 

Glaucus                       C’est là, dit-il,  une  distinction  très  juste.

 

Socrate                        Il faut donc, repris-je,  si tout cela est vrai,  en tirer  la conclusion que voici: c’est  que  l’éducation n’est  point  ce que certains  proclament qu’elle est ; ils  prétendent en effet  mettre  la science dans  l’âme,  oû elle  n’est  pas, comme  on mettrait  la vue  dans des  yeux aveugles.

 

Glaucus                       Ils le prétendent en effet, dit-il.

 

Socrate                        Or,  dis-je,  le discours présent fait  voir  que toute âme a en elle  cette  faculté d’apprendre  et  un organe à cet  usage, et que, comme um oeil qu’on  ne  pourrait tourner  de  l’obscurité vers  la  lumière qu’en  tournant  en  même temps  tout  le  corps, cet  organe  doit être détourné avec  l’âme tout entière des chose  périssables,  jusqu’à  ce  qu’il  devienne capable  de supporter  la vue de  l’être  et de la  partie  la plus  brillante de l’être, et  cela,  nous l’appelons  le  bien,  n’est-ce pas?

 

Glaucus                       Oui.

 

Socrate                        L’éducation, repris-je, est  l’art de tourner  cet organe  même et de trouver  pour cela  la méthode  la  plus  facile  et  la  plus efficace;  elle  ne  consiste  pas  à  mettre  la vue  dans  l’organe,  puisqu’il  la  possède  déjà; mais , comme  il  est  mal  tourné et regarde ailleurs  qu’il ne faudrait , elle en ménage  la conversion.

 

Glaucus                       C’est ce  qu’il  semble,  dit-il.

 

Socrate                        Maintenant  on peut admettre  que  les autres  facultés appelées facultés de l’âme sont analogues  aux facultés du corps; car  il est vrai que, quand  elles  manquent tout d’abord, on peut  les  acquérir dans la  suite par  l’habitude  et  l’exercice ; mais  il en est  une, la  faculté de connaître, que  paraît bien  certainement appartenir à quelque chose  de  plus divin, que  ne perd  jamais  son  pouvoir, et  qui,  selon la direction qu’on lui donne , devient  utile  et avantageuse, ou  inutile et  nuisible. N’as-tu pas encore  remarqué, à propos  des fripons qu’on appelle des  malins,  combien leur  misérable esprit a  la vue  perçante et distingue   nettement  les  choses vers lesquelles  il se tourne; car  il  n’a pas  la vue  faible, mais  il est  contraint  de se  mettre au  service de leur   malhonnêteté; aussi plus  il a  la vue perçante, plus  il fait  de mal.

 

Glaucus                       C’est  bien cela, dit-il.

 

Socrate                        Et pourtant, repris-je,  si dès  l’enfance  on opérait l’âme ainsi conformée  par  la  nature, et qu’on  coupât,  si je  puis  dire, ces masses  de  plomb, qui son de  la  famille du devenir, et qui, attachées à  l’âme  par  le  lien des festins, des  plaisirs  et  des  appélits  de  ce genre, en  tournen  la vue vers  le  bas (6); si, débarrassée de ces  poids,  on la tournait vers  la vérité, cette même  âme  chez  les mêmes hommes  le verrait avec  la  plus grande  netteté,  comme  elle  voit  les  choses  vers lesquelles  elle  est actuellement  tournée.

 

Glaucus                       C’est  vraisemblable, dit-il.

 

Socrate                        N’est-il pas  vraisemblable aussi,  repris-je,  et  ne  suit-il  pas  nécesairement  de  ce que  nous avons  dit que  ni  les  gens  sans éducation  et  sans connaissance de  la vérité,  ni ceux  qu’on  laisse  passer  toute leur vie dans  l’étude  ne  sont  propres  au gouvernement de l’Etat,  les  uns,  parce  qu’ils  n’ont  dans  leur  vie aucun  idéal auquel ils  puissent  rapporter  tous   leurs  actes,  privés  et  publics,  les  autres,  parce qu’ils   n e consentiront  pas à s’en occuper , eux qui  de  leur vivant  se croient  déjà établis  dans  les îles  fortunées.

 

Glaucus                       Cést  vrai, dit-il.

 

Socrate                        C’est donc à  nous,  les  fondateurs  de l’Etat, repris-je,  d’obliger  les  hommes  d’élite  à  se  tourner vers  la science que  nous avons reconnue   tout à l’heure  comme  la  plus sublime de toutes,  à voir  le bien et à faire  l’ascension  dont  nous avons parlé;mais lorsque, parvenus à cette  région supérieure,  ils auront  suffisamment  contemplé  le  bien,  gardons-nous  de  leur  permettre  ce qu’on  leur   permet aujourd’hui.

 

Glaucus                       Quoi donc ?

 

Socrate                        De rester là-haut, répondis-je, et de  ne  plus vouloir  redescendre chez  nos prisonniers,  ni prendre  part à leurs travaux et  à leurs  honneurs  plus  ou  moins estimables.

 

Glaucus                       Mais alors,  dit-il, nous attenterons  à leurs droits,  et  les forcerons  à mener une vie  mesquine,  quand  ils  pourraient  jouir d’une  condition  plus heureuse?

 

Socrate                          Tu  oublies encore une fois,  mon ami, repris-je, que  la loi  n’a  point souci d’assurer  un  bonheur  exceptionnel à une classe de citoyens, mais qu’elle  cherche  à réaliser  le bonheur dans la cité tout entière, en unissant  les citoyens  soit  par  la persuasion, soit para lar contrainte, et en  les amenant à  se  faire  part les  uns aux autres  des  services que chaque classe est  capable  de rendre à  la communauté; et que, si elle s’applique à former dans l’Etat de pareils citoyens, ce n’est pas pour  les  laisser  tourner leur  activité  où  il leur plaît, mais pour  les faire concourir à fortifier  le  lien   de  l’Etat.

 

Glaucus                       C’est  vrai, dit-il ; je  l’avais oublié.

 

Socrate                        Maintenant, Glaucon, repris-je, observe  que  nous  ne serons  pas non plus  injustes envers les  philosophes  qui se  seront formés chez  nous, et que  nous aurons de bonnes  raisons à leur  donner  pour  les  obliger à se charger  de  la conduite et  de la garde des autres. Nous  leur dirons  en effet : “Dans les autres Etats, il est  naturel que  ceux qui s’élèvent jusqu’à la  philosophie ne  prennent  point de part aux tracas de la  politique, parce qu’ils se  forment d’eux-mêmes , en dépit  de leur gouvernement respectif; or, quand  on se forme de soi-même et qu’on ne doit  sa  nourriture à personne,  il est  just qu’on ne veuille  pas  non plus  la  rembourser à qui que ce soit. Mais vous,  nous vous avons  formés  dans  dans l’interêt de l’Etat comme  dans  le vôtre, pour être  ce que  sont les chefs et les  rois dans  les  essaims  d’abeilles (7), et  nous vous avons donné une éducation plus parfaite et  plus complète que  celle des  philosophes étrangers, et  nous  vous avons rendus  plus capables  qu’eux d’allier  la  philosophie à  la  politique. Vous  devez  donc, chacun à  votre tour,   descendre dans  la demeure  commune aux autres et vous habituer à regarder  les  ombres obscures ; car, une  fois habitués à l’obscurité, vous y verrez mille  fois  meieux  que  les autres, et vous reconnaîtrez  chaque  image et ce qu’elle représente, parce  que  vous aurez vu les véritables exemplaires du beau,  du juste et  du bien. Ainsi notre constitution deviandra,  pour  nous et  pour vous, une  réalité,  et  non  un rêve, comme  dans  la  plupart des Etats d’aujourd’hui, où  les  chefs se  battent  pour  des  ombres  et se disputent l’autorité, comme si c’était  un  grand  bien. Mais  voici quelle  est  la vérité, c’est que  l’Etat où le commandement est  réservé à ceux que  sont  les  moins empressés à  l’obtenir  est  forcément  le  mieux  et  le  plus paisiblement gouverné, et que c’est le contraire dans  l’Etat où les maîtres  sont  le contraire”.

 

Glaucus                       C’est parfaitement vrai, dit-il.”

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Remarque du IEJU-SA  :  Le dialogue continue . Nous   vous  envitons    à lire  toute   l’oeuvre  magnifique  de Platon  à sa  République, qui  est,  sans  doute, une  grande et encore  actuelle   analyse  des  origines  philosophiques  du  droit    politique .

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Notes du éditeur :
(1) Supposons un théâtre  de marionnettes, où  les  spectateurs, tournant  le dos aux  poupées  e à leur manieur invisible,  voient  les  mouvements  de  poupés  projetés  sur  une toile en face d’eux, grâce à  une a source  lumineuse convenablement placé derrière  le manieur. Ici,  la source  lumineuse est  un feu sur  une  hauteur ;  le manieur  et  ses  marionnettes, des gens qui passent, portant des  statuettes sur  leurs épaules ; la toile,  le fond  de la  caverne ; les  spectateurs, des gens enchaînés face  au fond ; entre  la caverne  et  les  porteurs,  un mur  laisse entrer  la  lumière, mais émeger  seulement les statuettes. Voir G. Lafaye,  Dictionnaire des Antiquités, au mot Neurospaston; A. Diès, Guignol à AthènesBulletin de l’Ass.G. Budé, 14/15, 1927, p. 6-19,38-46.

(2) Platon varie ses “ascensions”; voir Phédon, 82-83, l’âme  se dépouillant   volontairement  des  passions  du corps  pour  monter à la  pureté absolue de  la  pensée ;Banquet, 210-211, l’âme  montant  des  beautés  sensibles  à la beauté  absolue ;Théétète , 175 b,  le cnicasnier  entraîné  para le  philosophe vers  les  hauteurs  où  il est  pris  de vertige. Ici, l’ascension,  d’abord  contrainte, devient une  joie.

(3)  Le  Gorgias (500e -501a ) opposait à  la  médecine, que  connaît  par  étude  la  nature du malade et  y adapte  son traitement,  l’empirisme, fondé sur  la seule  mémoire des séquences  habituelles. Telle est la science qu’honorent  les  prisonnier  de  la cavewrne. Mais ceux qui auront  fait  l’ascension et  subi  la formation nécessaire redescendront obrigatoirement dans la caverne. Mais  ceux qui auront fait l’ascension et  subi la formation nécessaire redescendront  obrigatoirement dans  la caverne,  y étudieront les  ombres, et, forts d’avoir contemplé  les réalités  intelligibles, sauront “reconnaître  chaque  image et ce qu’elle représente”. Voir Notice au Philèbe, p. LXXVII-LXXIX).

(4)  Les  expériences  du sage  sont toujours  dominées, chez Platon, par  se  souvenir du sort de Socrate.

(5) Ainsi la  foule  regarde comme  insensé le  philosophe  du Phèdre (249 c/d) et ne  s’aperçoit pas qu’il est  inspiré; le  philosophe du Théétète  se  ridiculise au tribunal et dans  les tractations  de  le vie  pratique (174 d-175 b) , mais celui qui le raille “s’angoisse et bredouille” quand  il faut s’expliquer  sur  les  lois  idéales  de  la vie.

(6)  Ces  masses  de  plomb sont  les  produits accumulés de  la sensualité. Ainsi  l’âme qui s’est laissé ensorceler  par  les désirs  et  les  joies  du corps s’emplit d’une corporéité que l’alourdit et  l’attire vers le visible  (Phédo, 81) . Comparer Phèdre , 248 c, l’âme  perdant ses ailes  par  le  poids de l’oubli, et  bientôt, ici (X, 612 a), la  “croûte épaisse  et grossière” dont se revêt l’âme livrée à  la sensualité.

(7) Ici, la cité-essaim façonne  ses  rois  para une éducation méthodique, parce que, contrairement aux formules flatteuses  des courtisans ( Xénophon, Cyropédie , V, 1, 24), “il ne  pousse point de rois dans les cités  comme il  en éclôt dans  les ruches, tout de suite unique  par sa  supériorité  de corps et  d’âme” (Politique, 301 e)

 

Voir  un peu plus   audessus de Platon :  
http://en.wikipedia.org/wiki/Plato
http://www.philosophypages.com/ph/plat.htm


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